
Le Groenland Est, une terre sauvage aux confins du monde.
Dès l’arrivée à l’aéroport de Kulusuk, le dépaysement est total. Le vent glacé porte avec lui l’odeur du sel et de la glace, et déjà, les fjords et l’inlandsis s’étendent à perte de vue. C’est là, dans ce décor minéral et grandiose, que notre aventure en kayak a commencé.
Pagayer entre les icebergs, c’était naviguer au milieu de cathédrales vivantes. Leurs craquements sourds résonnaient dans l’air comme des échos venus du fond des âges. Parfois, le souffle puissant d’une baleine à bosse déchirait le silence, avant que l’océan ne redevienne calme, lisse comme un miroir. La morsure du froid sur la peau, le clapotis régulier de la pagaie, et ce silence immense… tout paraissait irréel.
Le soir, nous plantions nos tentes face à l’inlandsis. La lumière, jamais vraiment éteinte, baignait le paysage d’une clarté irréelle. Nous goûtions alors un luxe oublié : celui de la liberté absolue, être seuls au monde, bercés par le grondement lointain des glaciers qui se fracturaient dans la mer.
Et partout, invisible mais présent, flottait l’esprit de l’ours polaire. Un rappel discret, presque sacré, que dans ces terres brutes et indomptées, nous n’étions que des invités de passage.





















































































